18 de janeiro de 2008

Artigo de Sylvain Siclier no "Le Monde" sobre o disco "Abril" de Cristina Branco | 16.01.08




Une voix, de toute beauté, de toute émotion. Celle de Cristina Branco dans Abril, son nouvel album, vous happe en deux temps trois mouvements sur Menino d'Oiro, la chanson d'ouverture et premier des seize textes de José Afonso que la chanteuse célèbre ici. Cristina Branco a ce pouvoir rare de convaincre par ses seules modulations, par l'expressivité qu'elle donne aux mots, qu'on les comprenne, si l'on est lusophone, ou pas.

Comme il importe peu que l'on soit anglophone pour frémir lorsque Billie Holiday entonne Strange Fruit, cette chanson de mort, de terreur, qui vous attrape sur un air de ballade, une presque romance. Les timbres de voix de Cristina Branco et de Billie Holiday ont peu à voir. Celle de la belle Lisboète est un effleurement, une caresse, une lumière vive, celle de Billie était sombre, dans une intensité perdue. Les deux sont uniques.

Abril, huitième album de Cristina Branco, depuis 1998 (Murmurios, avec lequel on l'avait découverte) n'est pas strictement un disque de fado, genre auquel la chanteuse est généralement identifiée. Le fado y est présent, par touches, par culture, avec de grandes rasades de jazz - l'amateur du guitariste Pat Metheny devrait s'y retrouver - et d'airs des musiques portugaises imprégnées de sources africaines.

C'est un disque de fantaisies musicales radieuses, traversées de percussions discrètes (on est soufflé par la diversité des approches du musicien Quiné), de cordes entremêlées (Mario Delgado, homme de premier plan tant à l'acoustique qu'à l'électrique).

La densité du propos, la profondeur des textes, la poésie d'Afonso trouve toute sa force dans ce contraste. Le pianiste Ricardo Dias est à la tête du quartette accompagnateur de Branco. Il a aussi produit et arrangé ce recueil de grandes chansons. Et Cristina Branco leur a donné vie et âme. Comme rarement.

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